mardi 19 mars 2024

La Loi Travail suit la feuille de route de l’Europe

lundi 11 avril 2016

Chaque année, la France établit au printemps son Programme National de
Réformes (PNR).

Rappelons que le PNR vise à répondre aux injonctions de la Commission européenne dans le cadre du cycle dit du « semestre européen ».

Fidèle, en tous points et chaque année, à sa ligne libérale, la Commission établit des « recommandations » qui tournent invariablement autour des mêmes points :

  • réduction du déficit (en dessous des 3% de Maastricht),
  • de la dépense publique,
  • coupes dans la sécurité sociale en ciblant la santé et la retraite,
  • amélioration de la compétitivité-coût et baisse du « coût du travail »,
  • baisse des salaires,
  • allègements de cotisations sociales pour les entreprises,
  • décentralisation de la négociation collective,
  • transfert des impôts des entreprises vers la TVA,
  • fragilisation du CDI,
  • réforme de l’assurance chômage,
  • attaques sur les Instances Représentatives du Personnel, etc.

Même s’il évolue dans un cadre contraint (la France a participé depuis plusieurs
années à la construction de cette machine infernale pilotée par la Commission), le gouvernement a théoriquement deux choix : suivre fidèlement les recommandations libérales de la Commission Européenne ou chercher à réorienter une politique européenne dévastatrice et à la dérive produisant récession chômage, pauvreté…

Cette année encore, le gouvernement a fait le mauvais choix : la plupart des recommandations européennes ont trouvé traduction dans des projets de lois nationaux : après la mise en œuvre du CICE et du pacte de responsabilité, après la loi Macron, le dernier avatar en est la loi El Khomri.

Le document du Programme National de Réformes fait notamment la liste exhaustive des réformes, passées, en cours ou à venir, engagées par le gouvernement.

Celui-ci essaye ainsi de démontrer sa qualité de bon élève de la classe européenne et d’ailleurs, en général, la Commission, dans les nouvelles recommandations qui suivent, donne soit des bons points quand l’élève a bien fait son travail libéral, le met au coin ou lui décerne un bonnet d’âne quand cela n’est pas le cas.

La présentation du PNR est d’ailleurs particulièrement révélatrice de la ligne suivie par le gouvernement depuis des années et de son alignement sur la Commission : On nous dit depuis des années que la réduction du chômage serait la priorité du gouvernement.

Pourtant, bizarrement, les « défis » N°1 et 2 de la France dans le PNR sont la
réduction des déficits et la compétitivité des entreprises.

Y aurait il un langage destiné au bon peuple de France et un autre destinée à la technocratie bruxelloise ?

En revanche, les objectifs importants qui sont notamment ceux de la stratégie Europe 2020 et dont on constate depuis des années qu’ils passent largement au second plan (lutte contre la pauvreté, contre le réchauffement climatique, contre le décrochage scolaire, réduction du chômage, investissements
dans la recherche et le développement) arrivent beaucoup plus loin dans le
document. Et pour cause, dans certains de ces domaines, la France est en échec flagrant, occupée qu’elle est à appliquer des recettes libérales qui produisent précisément inégalités sociales, chômage, pauvreté, désinvestissement et détournement des bénéfices vers les profits.

Mais constater chaque année la mise en œuvre d’une mauvaise politique ne suffit pas à la changer.

Sur les projets de loi nuisibles, comme nous sommes en train de le démontrer pour la loi El Khomri, les salariés, les jeunes, les retraités sont en capacité
de se mobiliser fortement. La CGT est en pointe de cette contestation et nourrit la réflexion par des contre-propositions.

Chaque année, la Commission Européenne écrit noir sur blanc les offensives
à venir, chaque année le gouvernement liste les réformes à venir. Les prochaines
offensives auront lieu sur les salaires, le code du travail, les garanties collectives et d’autres sujets qui selon le patronat et certains de nos gouvernants, « paralysent l’économie française ». Il est, en conséquence, important que nous nous mettions en situation d’anticiper pour refuser la fatalité et changer le cours des choses.

(extrait du bulletin d’information de l’espace international de la CGT - n°23 1T2016)















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