mardi 19 mars 2024

Revenu universel de base, la solution ?

jeudi 5 janvier 2017

L’idée d’assurer un revenu à chacun afin de lui assurer des conditions d’existence digne du 21e siècle est une évidence. Nos sociétés n’ont jamais était aussi riches. Les travailleurs produisent, tous les ans, trois fois plus de richesses qu’il y a trente ans. La mise en place d’un revenu universel de base est-elle pourtant la solution ?

A l’heure d’une production de richesses jamais égalée dans notre pays, la misère et les inégalités ne cessent de progresser. Le mal-logement, les difficultés à se nourrir, le renoncement aux soins et plus globalement les conditions de vie se dégradent pour un nombre croissant de travailleurs.

La grande variété des promoteurs du revenu universel ne sous-entend nullement un consensus sur la question, mais plutôt qu’on ne parle pas de la même chose.

Par son montant d’abord, il peut s’agir d’une allocation de survie ou voulant
permettre une réelle autonomie économique et sociale. Par sa position dans le système de protection sociale ensuite, s’il vient s’ajouter aux allocations existantes ou s’il s’agit de regrouper différentes allocations les faisant ainsi disparaître (y compris le salaire minimum).

La question de son financement est majeure : taxe sur la consommation, ou imposition de la rente, de la spéculation et du patrimoine ?
Notre société n’a jamais été aussi riche et la production de richesses annuelles n’a jamais été aussi élevée. Notre État n’est pas en situation de faillite, la dette est loin d’être insoutenable et les entreprises augmentent leurs profits et leurs dividendes. Nous avons donc les capacités financières de mener une autre politique.

Cependant, nous, salariés, syndiqués et militants, avons bien conscience des difficultés à obtenir une amélioration de nos droits. Il est étrange de penser que certains qui n’ont comme objectifs que de comprimer nos salaires, nos remboursements de soins, nos retraites présentes et futures etc... accepteraient facilement par exemple de nous verser 1500 € en plus des prestations existantes.

De deux choses l’une, soit nous avons la capacité collective d’imposer des mesures qui améliorent véritablement le sort des salariés, et alors cette capacité doit nous permettre d’aboutir rapidement sur un ensemble de revendications, soit nos légitimes revendications sont rejetées par certains qui militent pour le revenu de base universel, et il faut nous interroger sur les conséquences concrètes pour les salariés de l’instauration d’une telle mesure.

Le revenu de base universel sous-entend qu’il n’y a ni assez de travail, ni assez de revenu pour tout le monde, et son instauration risquerait d’institutionnaliser ce fait et ainsi de dégager les employeurs de toute responsabilité dans la situation sociale des salariés.

Aujourd’hui, ce n’est pas de travail que l’on manque mais d’emplois. La différence ce sont les besoins sociaux non-satisfaits (éducation, santé, logement etc...) alors que plusieurs millions de travailleurs sont disponibles pour les satisfaire. Aux Finances, par exemple, depuis 15 ans, près de 40.000 postes ont été supprimés, le travail accompli par ces 40.000 collègues a-t-il pour autant disparu ?

Des millions de travailleurs n’arrivent pas à s’extraire de la pauvreté parce que leur salaire ne leur permet pas. Or, la productivité du travail n’a jamais été aussi élevée, l’une des plus forte au monde. L’urgence est d’augmenter les salaires et de baisser le temps de travail.

En effet, des millions de travailleurs voudraient travailler plus mais sont privés d’emploi ou contraints au temps partiel. C’est notamment pourquoi nous proposons une baisse organisée du temps de travail afin de permettre à chacun de vivre dignement des fruits de son travail.

La CGT a des propositions concrètes pour améliorer, ici et maintenant, la situation de tous les travailleurs :

  • augmenter les minima sociaux en mettant fin au critère d’âge pour y accéder,
  • prendre des mesures contre le non-recours aux prestations sociales qui concerne des millions de travailleurs,
  • diminuer la durée légale du travail à 32h,
  • lancer un plan d’investissement public et d’embauche dans la Fonction publique,
  • réintégrer tous les chômeurs dans l’assurance chômage,
  • mettre en place une sécurité sociale à 100% pour tous, etc...

Il ne s’agit pas de balayer le débat sur le revenu de base universel, mais de pointer les dangers qu’il recèle. Il ne s’agit pas non plus de laisser la situation sociale telle qu’elle est, mais au contraire de ne pas lâcher notre objectif de l’amélioration concrète et rapide des droits des travailleurs. Aujourd’hui, le revenu universel de base, ombre d’une proposition séduisante dans sa simplicité, risque en réalité à terme de dégrader la situation sociale des salariés.

article repris du journal de la FD CGT Finances

Pour aller plus loin, un article de fond de l’économiste Michel Husson















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