la CGT de Loire Atlantique (44)
IHS - Une plaque, et plus pour se souvenir à Villepot !
vendredi 28 octobre 2022

Samedi 22 octobre 2022 à l’initiative du Comité local des héros de Châteaubriant, représenté par son président Serge ADRY, et à l’invitation de Philippe DUGRAVOT, maire de Villepot (44), plus de cent personnes, dont 22 porte-drapeaux, ont assisté au dévoilement d’une plaque commémorative installée à l’entrée du cimetière de la commune, 81 ans après, jour pour jour, l’assassinat de 48 otages par les nazis.

Dans ce cimetière ont été enterrés, en première inhumation, trois des corps des 27, fusillés par les nazis le 22 octobre 1941 à Châteaubriant, dans la Carrière des Fusillés, appelée aussi La Sablière : Jean POULMARC’H, Henri POURCHASSE et Edmond LEFÈBVRE (écrit parfois LEFEVRE) dont les noms furent égrenés par la compagnie théâtrale « Les gars à la remorque » faisant l’appel aux morts, avant d’entonner Le chant des partisans avec les 20 chanteurs de la chorale « Ensemble vocal adulte de Pierre-Olivier BIGOT » du conservatoire de Châteaubriant-Derval.
villepot

Les « Gars à la remorque »

 

Cette page d’Histoire, cette mémoire, au-delà d’être celles des familles de ces hommes, sont aussi celles des gens du pays de Châteaubriant.

Voici un témoignage que m’a transmis Patrick Pérez, ancien adjoint :
 
Marie Huguette Legobien née Ploteau avait presque 5 ans en 1941.
Mon grand-père, François Ploteau, âgé alors de 70 ans, habitait à Villepot. Il s’occupait toujours de l’entretien de l’église, sonnait les cloches, était également fossoyeur. C’est à ce titre qu’il fut réquisitionné pour enterrer trois des fusillés de Châteaubriant.
Mon père, prisonnier en Allemagne, ma mère et moi avions quitté Rennes après les bombardements du 17 juin 1940 pour nous réfugier à Villepot près de la famille. Elle aidait souvent mon grand-père pour l’entretien du cimetière et du haut de mes presque 5 ans, je les accompagnais. Nous étions donc présents tous les trois quand les cercueils sont arrivés.
Ma mère et moi avons alors été conduites dans une baraque à outils comme il y en avait dans les cimetières. Elle était située à proximité des tombes et un soldat armé était posté devant la porte.
J’étais sans cesse derrière la petite fenêtre pour tenter de voir ce qu’il se passait. J’ai toujours la vision de mon grand-père muni de sa pelle, refermant mes tombes.
Ma mère nous a toujours dit qu’il n’avait cessé de maugréer et d’exprimer à haute voix, son horreur, à tel point qu’elle avait craint pour notre vie à tous les trois.
Les cercueils avaient été fabriqués à la hâte et du sang des fusillés avait coulé sur ses sabots. Mon grand-père n’a jamais voulu les remettre et les a brûlés.
Par la suite, mes grands-parents, conservant des liens avec les familles, ont entretenu les tombes jusqu’à ce que les cercueils soient exhumés.

Leurs torts, à ces suppliciés, a été d’avoir milité au Parti communiste et/ou à la CGT ! Otages enfermés au camp de Choisel à Châteaubriant. Ils seront désignés, comme les 50 Otages, par le ministre de l’Intérieur Pierre PUCHEU qui donne les noms de responsables syndicaux et militants communistes, pour être fusillés en représailles quand est abattu rue du Roi-Albert le lieutenant-colonel Karl HOTZ, chef de la Kommandantur de Nantes.

Après l’allocution de Philippe DUGRAVOT, rappelant, que « sur le chemin des espérances fauchées, l’histoire a fait, c’était hier, une halte sanglante dans notre belle commune. »

Serge ADRY pris la parole en se prolongeant aussi avec le présent, « oui, nous avons un devoir de mémoire envers celles et ceux qui écrivirent de leur sang et eurent la lucidité de nous léguer, dans les pires conditions, le programme du Conseil National de la Résistance. Les réformes sociales et démocratiques qui en sont l’essence, nous démontrent qu’en luttant pour le rétablissement des libertés, ils voulaient vivre à en mourir, car ils rêvaient de liberté. Ils ont légué l’espoir en traçant les perspectives d’une vie libre, une vie d’égalités, de fraternités, et de solidarités. »

Puis, « nous ne devons pas oublier qu’ils ont sacrifié leur vie pour que nous vivions libres et en paix et parce qu’ils croyaient en un monde sans pauvreté et sans violence », comme l’ont clamé Brigitte CRETON et Pascal POURCHASSE, petits-enfants d’Henri POURCHASSE, venus spécialement témoigner.

« Pourquoi sommes nous réunis aujourd’hui. C’est pour crier notre rejet de la barbarie, du terrorisme et de l’intolérance. Assassiner un être humain pour ce qu’il est, pour son appartenance à un groupe, c’est la pire des abjections » signera dans son allocution Pierre CHAULEUR, Sous-préfet de Châteaubriant-Ancenis.

La plaque fût dévoilée puis les dépôts de gerbes suivirent avec, dans l’ordre protocolaire : le Comité local des héros de Châteaubriant, représenté par Denis FRAISSE, le Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure [1], représenté par Christian RETAILLEAU, son président, l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt, représenté par Carine PICARD-NILÈS, sa présidente, un syndicaliste représentant la Fédération nationale CGT des industries chimiques, les conseillers départementaux représentés par Catherine CIRON et Philippe DUGRAVOT, puis celui-ci de nouveau, en tant que maire de la commune accueillante.

Puis ce fût la minute de silence, sous l’égide de Pierre CHAULEUR, qui précéda La Marseillaise.

Une autre plaque inaugure le même jour le « Parc du souvenir ». Un espace où « nous avons fait le choix d’y planter trois arbres. Enracinés dans une terre nourricière, ils se dresseront demain vers le ciel, droits et fiers : un noyer, un chêne, un châtaigner. Ceux-là ne plieront pas eux non plus ! » comme le décrira le maire.
Un verre de l’Amitié, offert par la municipalité, fût partagé dans une salle proche.
Le prochain rendez-vous est donné pour le lendemain, 81ème anniversaire des fusillades de Châteaubriant dont la commémoration se déroulera à la Carrière des Fusillés.

Patrice Morel
Le 28/10/2022


Album photos (© Patrice Morel / IHS CGT44) :

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Allocutions et interventions :


Ressources :

[1Résistance 44 est le site du Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure

[2Site du Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure