Morts au travail : une aggravation alarmante en 2023
En 2023, 759 travailleur⋅ses ont perdu la vie à la suite d’un accident du travail, soit 21 décès de plus qu’en 2022, marquant une augmentation alarmante de 2,8 % en un an. Depuis 2020, ce chiffre ne cesse de grimper, révélant une situation catastrophique et une véritable crise de la sécurité au travail.
Ces drames sont le résultat d’un choix politique : celui de sacrifier la santé et la sécurité des travailleur⋅ses sur l’autel de la rentabilité. La liberté d’entreprendre subordonne toute autre situation y compris la santé-sécurité au travail.
Des chiffres accablants :
- • 57 % des décès (432 cas) sont liés à des malaises, reflétant une intensification des rythmes de travail ce qui interroge le lien qui peut être fait avec l’intensification des rythmes de travail et le stress au travail.
- • Les accidents liés à des causes externes atteignent 193 décès en 2023 contre 176 en 2022, tandis que le risque routier reste meurtrier avec 92 décès (12 % du total).
- • 33 suicides sur le lieu de travail témoignent d’un désespoir face à des conditions de travail insupportables.
Ces statistiques ne prennent pas en compte les accidents de trajet, les décès dus aux maladies professionnelles, les agent·es de la fonction publique et les auto-entrepreneur·euses mort·es en raison de leur travail. Le bilan est donc encore plus lourd, bien au-delà des 1200 morts.
Les jeunes travailleur⋅ses : premières victimes d’un système défaillant
Les jeunes de moins de 25 ans sont particulièrement exposé⋅es, avec 33 décès en 2023.
60 % des décès des jeunes travailleur·euses surviennent dans leur première année de poste, une situation directement liée à un manque de formation, d’accompagnement et de mesures de sécurité adaptées. Ces nouveaux entrants dans le monde du travail sont souvent affectés à des postes à risque sans formation, ni prévention.
Pour autant, le patronat persiste dans son refus de faire de la sécurité des travailleur⋅ses un sujet prioritaire. Les accidents mortels ne sont pas une fatalité, mais bien le résultat de politiques défaillantes, de contrôles insuffisants et d’un manque flagrant de moyens pour assurer la prévention des risques.
De nombreuses zones d’ombre continuent d’exister notamment en lien avec la sous-déclaration des accidents de travail et maladies professionnelles ou encore le manque de statistiques genrées.
Les lois et les normes en matière de sécurité sont trop souvent contournées et les moyens alloués à la prévention dans les entreprises sont largement insuffisants.
La CGT revendique pour une vraie sécurité au travail :
- • Une politique pénale du travail sévère condamnant fermement les employeurs responsables d’accidents graves au travail.
- • L’interdiction de plus d’un niveau de sous-traitance, la suppression du recours à la sous- traitance pour les activités à risques et le renforcement des responsabilités des donneurs d’ordre.
- • La suppression des dérogations pour l’affectation des jeunes à des travaux dits « dangereux ».
- • Le retour des CHSCT dans le secteur privé et la Fonction publique, outil de proximité et de prévention par excellence.
- • Le doublement du nombre d’inspecteur⋅rices du travail, le renforcement des effectifs de contrôleur⋅ses des CARSAT.
- • Une meilleure prévention des situations de travail pénible et le départ anticipé en retraite des salarié⋅es exposé⋅es
- • Surveillance accrue de la réelle mise en œuvre des DUERP, seulement 50% des entreprises le mettent en place actuellement.
Les chantiers des jeux olympiques de Paris 2024 se démarquent avec quatre fois moins d’accidents du travail par rapport à la moyenne nationale et aucun accident mortel. C’est la démonstration qu’il est possible de réduire significativement les accidents de travail lorsque des moyens conséquents sont mobilisés, que les inspections sont renforcées, et que les entreprises sont tenues pleinement responsables.
Ces chiffres ne doivent pas rester de simples données statistiques. Ce sont autant de vies perdues, de familles endeuillées, de collègues traumatisé⋅es. Derrière chaque mort, il y a une entreprise qui n’a pas rempli son devoir de protection, un État qui n’a pas imposé des règles de sécurité strictes, et un système qui tolère l’inacceptable