jeudi 28 mars 2024

Retour sur le meeting de rentrée à la Beaujoire : discours et photos

lundi 9 septembre 2013

Le 03 septembre après midi s’est tenu au Parc des Expos de la Beaujoire à Nantes le meeting confédéral de rentrée de la CGT. Retrouvez ci dessous le discours de Thierry Lepaon, secrétaire général de la confédération.

Le meeting a débuté par le mot de bienvenue de Marie Claude Robin, secrétaire générale de l’UD CGT 44, l’occasion de faire un tour de l’actualité sociale et militante du département accueillant le meeting.

et s’est poursuivi par des prises de paroles de délégués de boites en lutte aujourd’hui comme les camarades des comptoirs du biscuit (ex-Vandamme) en grève depuis 60 jours pour sauvegarder leur outil de production

le camarade de Doux dans le Finistère, le secrétaire de la CGT de STX (chantiers navals de Saint Nazaire)

ou le camarade de l’usine à papier Condat en Aquitaine

avec aussi une intervention des Territoriaux d’Ille et Vilaine (35) au sujet de la syndicalisation dans les petites communes.
Le tout dans une ambiance survoltée, devant près de 1400 syndicalistes.

Après ses prises de parole, Thierry Lepaon est revenu sur les enjeux de cette rentrée sociale 2013 avec bien sûr le sujet des retraites

Intervention de Thierry Lepaon, Secrétaire général de la CGT

Non, n’en doutez pas, ce n’est pas un clone, c’est bien moi …, du moins je l’espère.

Heureusement, nous avons l’esprit critique et quelques lignes dans la presse sur la santé des uns ou des autres ne suffisent pas à faire douter.

Je me permets d’ajouter que ne suis même pas désolé d’en décevoir certains, surtout lorsque cela s’ajoute au plaisir d’être ensemble.

Alors bonjour à Nantes et salut fraternel aux camarades de Bretagne,

aux camarades des Pays de Loire …

aux camarades de Poitou Charente …

aux camarades d’Aquitaine ....

Des camarades m’ont demandé : pourquoi avoir choisi Nantes pour commencer cette série de quatre meetings en France ?

A vrai dire, la réponse est très simple.

Il m’a été rapporté que l’actuel Premier Ministre fut, pendant une longue période, Maire de cette ville.

Je l’ai rencontré encore la semaine dernière, vous le savez.

Je dois dire qu’il écoute beaucoup. Il écoute d’ailleurs peut-être trop car il n’entend pas.

J’exagère en disant qu’il n’entend pas. Je devrais dire, il n’entend pas ce que la CGT lui dit.

Vous le savez, la surdité est une maladie professionnelle bien connue des chaudronniers, c’est mon métier.

Je me suis donc intéressé au phénomène.

Le cas, je dois dire, est étrange. En général, les deux oreilles sont atteintes, même si c’est inégalement.

Eh bien, dans ce cas précis, seule une oreille est atteinte, la gauche m’a-t-on dit.

L’autre semble très bien fonctionner et il entend parfaitement les injonctions du patronat, emmené comme un seul homme par son tout nouveau Président, vous savez, le fils de son père, Pierre Gattaz.

Il y avait l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, il y a maintenant l’homme qui parle à l’oreille des ministres du gouvernement, en apportant si besoin quelques croissants.

De plus, les problèmes d’audition font souvent perdre l’équilibre. C’est tout le gouvernement qui n’a plus le sens des équilibres.

L’ensemble penche manifestement d’un certain côté.

Vous avez deviné lequel, je pense !

J’ai donc voulu aller à Nantes interpeller le Premier Ministre dans d’autres conditions et tenter de lui faire entendre la voix des salariés.

Apparemment, depuis le meeting de Nantes et Marseille, puis celui de Montpellier hier, on me dit que l’audition commencerait à revenir. Nous sommes donc sur la bonne voie !

Il aura bientôt l’occasion de nous entendre plus fort, tous ensemble, pour un 10 septembre d’actions, de grèves et de manifestation !

Nous sommes début septembre et nous voilà déjà, mais j’allais dire encore, sur la brèche.

De plus, nous sommes réunis au moment de la rentrée scolaire, malgré les difficultés pour s’organiser dans nos familles, malgré les difficultés à trouver des formations ou des places pour nos enfants dans les écoles, malgré les difficultés financières pour faire face à une rentrée scolaire et acheter les fournitures.

J’ai parlé de rentrée scolaire, mais pour rentrer, encore faut-il être parti !

Or, nous avons, toutes et tous, fait un constat : tout le monde n’est pas parti en vacances, loin de là. Ceux qui partent sont aujourd’hui minoritaires.

Certes, les professionnels du tourisme ont l’habitude de se plaindre. Mais la baisse de 10% de la fréquentation hôtelière en juillet, malgré l’excellente météo, est un fait.

Beaucoup de salariés ont été en congés mais pas en vacances, faute de moyens financiers.

Comment ne pas y voir la conséquence directe du faible pouvoir d’achat, du chômage de masse et de l’incertitude du lendemain pour beaucoup de salariés ?

Le haut de gamme touristique, lui, s’en sort bien.

Il n’y a pas de hasard mais, au contraire, un rapport de cause à effet.

Comme on dit en Normandie, mais ailleurs aussi je crois, un bel été promet une riche moisson.

Et justement, nos amis les riches ont engrangé une magnifique récolte de blé.

Non ! Rassurez-vous, ils ne moissonnent pas, eux. Ils laissent les autres moissonner pour eux.

Je ne parle pas de la céréale, je parle d’une autre variété de blé.

Les grands groupes français ont, pour la plupart, publié leurs résultats semestriels.

Les entreprises du CAC 40 français se portent très bien avec des résultats quelquefois spectaculaires.

Toujours plus haut, le Crédit Agricole par exemple, a vu son bénéfice net progresser de ... 217%.

Les résultats des grandes banques ont même surpris les analystes !

Globalement, beaucoup d’entre eux misent sur 80milliards d’euros de profits en 2013 pour les sociétés du CAC 40.

C’est la promesse de jolies distributions de dividendes.

Dans la foulée de ces annonces, le cours des actions a grimpé à la bourse. Le CAC 40 peut se flatter de dépasser le seuil des 4000 points.

Par contre, pour ces poids lourds, la priorité n’est pas à l’investissement, à la croissance mais à l’augmentation des marges pour rémunérer les actionnaires.

Cela explique en partie que la fortune des 500premières fortunes de France a progressé de presque 25 % en un an,selon le magasine Challenge : 59 milliards entre juillet 2012 et juillet 2013 ! Et on cherche 7 milliards pour les retraites d’ici 2020 et 18 milliards pour l’assurance chômage fin 2013 !

Qui peut penser que c’est le résultat de leur travail acharné, harassant même l

Mais alors, si ce n’est pas le résultat de leur travail, d’où vient cet argent ?

Il vient nécessairement d’ailleurs mais d’où ?

J’en vois qui me font signe.

Oui, il provient de notre travail ; c’est nous qui avons créé cette richesse qui nous échappe et qu’ils s’accaparent.

Si beaucoup de salariés ne sont pas partis, la CGT n’a pas davantage quitté le terrain.

Peut-on parler de rentrée ? Cet été, les militantes et les militants de la CGT ont toujours été sur le terrain.

Les Unions départementales, les Unions locales, les syndicats se sont mobilisés pour aller à la rencontre des saisonniers, pour organiser des journées d’études sur notre système de retraites, pour distribuer des tracts aux portes des entreprises, pour préparer des initiatives.

Dont celle d’aujourd’hui, qui est une réussite, disons- le tout de suite. Cette réussite, c’est la vôtre !

Les luttes ont été nombreuses dans les secteurs les plus divers : dans la pharmacie, la métallurgie, l’agroalimentaire, la poste, les banques, le livre, les hôpitaux ....et avec des catégories les plus diverses de salariés : chercheurs, cadres, ouvriers, employés, techniciens ...

Les salariés de l’Hôtel Dieu à Paris, des urgences de Pont- à –Mousson, de Wattrelos, du centre gériatrique Paul Doumer, de Clestra, de Goss, de PSA, de Renault, de la Française de mécanique, de Natixis et de tant d’autres entreprises en savent quelque chose…

Les témoignages entendus tout à l’heure en parlent mieux que tout autre discours.

La crise et l’austérité remettent au centre des préoccupations les salaires, les conditions de travail, le temps de travail et son amplitude, la question de la mobilité interne.

Le patronat veut l’adaptation des salariés aux rythmes et volumes de production.

Il a déjà beaucoup obtenu mais comme d’habitude, il en veut toujours plus.

Il a des exemples. Messieurs les Anglais ont tiré les premiers ! En Angleterre, il y a déjà un million de salariés avec des contrats de travail « zéro heure ». C’est-à-dire aucune heure inscrite sur le contrat de travail !

Il faut venir travailler quand les patrons appellent, quand le patron en a besoin !

Nous, nous avons des accords de flexibilité que voudraient faire signer les directions d’entreprise et qui ont aussi mobilisé les salariés et les syndicats cet été à STX Saint Nazaire comme à Douvrin ou chez Ascométal.

Ils s’appelaient « accords de compétitivité », « accords de compétitivité-emploi »,maintenant « accords de maintien dans l’emploi ».

Nombre d’accords de ce type ont déjà été signés. D’autres sont rejetés par les salariés et leurs organisations syndicales, souvent dans l’unité.

D’autres sont en cours de« négociation » ou à venir dans les entreprises.

Le patronat fait le chantage à la pérennité des sites et de l’emploi. Les pouvoirs publics exercent aussi quelquefois une pression inadmissible.

Il y avait des accords de ce type avant l’ANI du 11 janvier.

Depuis la loi, publiée le 14 juin, le patronat met la pression car il a maintenant un cadre légal.

Il y a eu, par exemple, Sevelnord, Valéo à Amiens, l’accord Renault ou Plastic Omnium en Ardèche.

Globalement, avec des modalités diverses, le patronat vise les mêmes objectifs : faire travailler davantage les salariés pour le même salaire, geler et diminuer, de fait, la rémunération du travail, adapter les horaires et le temps de travail aux commandes, permettre la mobilité interne, accentuer la flexibilité.

En réalité, l’ensemble a un nom : c’est l’exploitation de la force de travail.

Les situations sont diverses, les réponses des salariés et de leurs organisations aussi.

Pourtant, à chaque fois, leur intervention est nécessaire.

Alors, la journée du 10 septembre est une nouvelle opportunité de se faire entendre pour tous les salariés de ces entreprises où se posent ces questions de remise en cause du contrat de travail.

Il est exceptionnel d’avoir une action dès le 10 septembre. Pouvoir le faire, c’est déjà l’expression d’un rapport de force.

Collectivement, nous avons pris cette décision d’action, et nous ne pouvons que nous en féliciter.

Nous savons toutes et tous pourquoi : il faut mettre un terme à ces politiques d’austérité qui échouent partout en Europe et dans le monde, plombent l’activité et précipitent des peuples dans la misère.

C’est le syndicalisme européen et les peuples européens qui le disent avec nous : il faut changer de cap, pour dire non aux politiques d’austérité !

Et notre cap à nous, c’est de mobiliser les salariés à partir de leurs préoccupations : le travail, son contenu, ses finalités, ses conditions, sa rémunération.

Comme moi, vous avez toutes et tous remarqué qu’il y a un grand tabou, un immense non-dit, un secret encore plus fort qu’un secret de famille dans ce pays.

Ce mystère a un nom : il s’appelle « nos salaires ».

Des salaires que le gouvernement n’a pas jugé utile de faire figurer dans l’ordre du jour de la Conférence sociale en juin dernier !

Une conférence que l’on dit sociale sans mettre la question des salaires à l’ordre du jour !

Oui ! Aussi incroyable et invraisemblable que cela puisse paraître, ils l’ont fait.

Eh bien, à la CGT, nous faisons l’inverse sur cette question centrale.

Ils veulent le silence, alors faisons du bruit le 10 septembre prochain. Qu’ils augmentent les salaires. C’est le cœur, le moteur.

C’est socialement juste et bon pour l’économie.

Augmenter les salaires, c’est d’abord un besoin vital :

Comment vivre avec des salaires autour du SMIC et souvent même en dessous à cause des temps partiels imposés, les femmes en savent quelque chose.

Comment faire lorsque le loyer représente souvent plus du tiers du salaire ?

Les jeunes, en particulier, confrontés à la précarité et aux petits salaires ont les pires difficultés pour se loger correctement.

Le salaire c’est aussi la reconnaissance de notre travail :

Ils utilisent notre force de travail, nos savoir-faire et ne reconnaissent pas notre travail.

Eh bien, affirmons-le très fort, il faut un salaire minimum d’embauche, un SMIC, à 1700 euros.

A partir de ce salaire minimum d’embauche pour un salarié sans qualification, reconstruisons partout, dans toutes les professions, des grilles salariales qui tiennent compte des qualifications.

Partout aussi, nous devons permettre des évolutions de carrière.

Il n’est pas tolérable qu’un salarié reste durant toute sa carrière professionnelle au même indice, ou quasiment au même.

Non seulement ce n’est pas tolérable mais c’est contre- productif.

A qualification égale, un salarié doit voir sa rémunération doubler entre le début et la fin de carrière, c’est notre repère revendicatif commun.

Enfin, l’augmentation des salaires est la condition d’une sortie progressiste de crise.

Nos adversaires n’arrêtent pas de répéter que cette crise aurait éclaté en 2008 comme une crise financière qui serait devenue une crise économique, puis une crise sociale, puis une crise budgétaire.

C’est faux. C’est exactement l’inverse et nous le démontrons.

C’est parce que le travail n’a pas été assez rémunéré qu’il y a eu crise financière.

Au lieu de payer le travail, les entreprises ont gavé les actionnaires.

La finance a ainsi spéculé et créé cette crise financière.

La sortie progressiste de crise ne peut passer que par la revalorisation du travail.

Il faut donc d’abord … augmenter les salaires.

Sur ce terrain, nous sommes évidemment en opposition frontale avec le patronat.

Il faut dire aussi que le gouvernement lui donne un bon coup de main.

Quelques heures avant la Conférence sociale, la Ministre MaryliseLebranchu, a annoncé, pour la quatrième année consécutive, le maintien du blocage du point d’indice qui sert de base au calcul des salaires dans les fonctions publiques.

Certains y ont vu une maladresse.

Non ! C’était très clairement un signe envoyé au patronat et au monde de la finance.

D’ailleurs, dans la foulée, il n’y a eu aucun coup de pouce au SMIC en juillet, malgré l’urgence sociale.

Pour faire passer la pilule, le gouvernement a promis une mesure d’urgence, un petit coup de pouce, le premier janvier prochain, pour les 2millions400000agents de catégories C, payés juste au niveau du SMIC.

Le 26 juillet, Marylise Lebranchu évoquait une hausse de 20 à 30euros par mois.

C’est tout simplement indigne après quatre années consécutives de blocage des salaires !

Il y a 6 mois, j’ai interpellé le Président de la République pour qu’il y ait un débat en France sur la façon dont sont réparties les richesses produites par le travail. Il nous a renvoyé dans les cordes !

Et il a suffi que Gattaz le demande à l’université d’été du MEDEF pour que le Ministre de l’Economie et des Finances lui promette une concertation sur la baisse du « coût du travail », c’est-à-dire sur la baisse de nos salaires !

Mais il va bien falloir parler des questions essentielles !
- quelle part va à la rémunération du travail dans sa globalité, y compris la protection sociale,
- quelle part va à la rémunération du capital,
- quelle part à l’investissement productif.

Nous voyons bien que dans le rapport de force qui nous oppose au patronat, l’unité du salariat et de ses organisations syndicales est indispensable.

Aucune organisation syndicale ne peut prétendre à elle seule défendre les intérêts des salariés.

L’unité est difficile, c’est un combat permanent.

Nos conceptions, nos pratiques, nos histoires sont différentes.

Il demeure que les salariés veulent l’unité et se mobilisent beaucoup plus dans l’unité.

Les luttes menées cet été le prouvent.

Regardez Pierre Gattaz, élu à la tête du MEDEF début juillet.

Dans les jours qui ont suivi son élection, il a constitué sa direction avec tous ses anciens concurrents.

Qui pourrait être assez naïf pour penser qu’il s’agit d’un hasard ?

Chez ces gens-là, le sens de leurs intérêts communs est beaucoup plus fort que tout le reste.

Ils sont tout de suite en rangs serrés.

Le patronat entretient toujours la division des salariés. Mais il n’y a pas deux camps parmi les organisations syndicales, ceux qui seraient prêts à tout accepter, et les contestataires.

La réalité est bien différente de cela. Les sujets d’accords entre les organisations syndicales sont bien plus nombreux qu’il n’y paraît.

Le fait que quatre organisations syndicales appellent à manifester ensemble le 10septembre est un point d’appui solide. Cela donne du souffle à l’action et n’empêche nullement la CGT de prendre ses propres responsabilités.

Les salariés aspirent à l’unité. L’unité peut s’élargir.

La CGT sera toujours disponible pour la construire, inlassablement.

Mes chers camarades, j’ai parlé d’un tabou tout à l’heure.

Il y a aussi un autre sujet qu’il faudrait mettre sous le tapis pour le patronat et le gouvernement après les salaires, c’est l’emploi.

D’ailleurs, il a subi le même sort que les salaires lors de la Conférence sociale : pas d’inscription à l’ordre du jour.

Cachez ce sujet que je ne saurais voir !

Nous connaissons toutes et tous la situation.

Depuis 27 mois, ce sont les mêmes sinistres annonces.

Nous sommes largement au-dessus de 5millions de chômeurs officiellement recensés, toutes catégories confondues et outre mer compris.

Et encore, ce sont les chômeurs recensés.

Les responsables viennent d’ailleurs de découvrir une nouvelle catégorie statistique.

Comme d’habitude, ils en ont fait un sigle : NEET.

Ne comptez pas sur moi pour donner les mots en entier ... C’est bien sûr en anglais.

Ce sont ces jeunes de 15 à 29 ans, qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en stage et que l’on dit découragés et démotivés.

Ils les découvrent ; nous, nous les connaissons depuis longtemps.

Nous connaissons leurs parcours : ils quittent l’école, dans le meilleur des cas ils restent à la maison puis ils passent par la mission locale, ils galèrent et quelquefois disparaissent ...

Si au moins Bruxelles découvrait cette catégorie de jeunes pour lui donner du travail ...

Pas du tout.

Si cette catégorie intéresse Bruxelles, c’est avant tout parce que de savants calculs ont révélé qu’ils ont « coûté », je cite, 153 milliards d’euros aux Etats européens.

C’est eux qui le disent : le non-travail coûte !

Pour une fois, le mot est bien utilisé.

Le coût du chômage est même exorbitant, à commencer pour les privés d’emplois eux-mêmes.

Le capital coûte ; le non-travail coûte ;

Le travail rapporte : seul le travail est producteur de richesses.

Faut-il rappeler que s’il y a du chômage, c’est qu’il n’y a pas assez d’emplois ?

Alors, agissons sur l’emploi, sur la création d’emplois de qualité !

Une politique de l’emploi n’est pas une politique d’accompagnement du chômage.

C’est une évidence mais cela fait toute la différence dans les politiques suivies ou à suivre.

27 800 emplois ont encore été détruits dans le secteur marchand non-agricole durant le deuxième trimestre 2013. Il avait déjà diminué de 8300 au premier trimestre.

L’emploi a diminué dans tous les secteurs : dans l’industrie, dans la construction et dans le tertiaire.

Concrètement, ce sont donc moins de salariés qui sont au travail.

C’est aussi de la richesse qui n’est pas créée, des cotisations qui ne rentrent pas et des chômeurs supplémentaires.

C’est à ce niveau qu’il faut agir : à la fois sur la création d’emplois et sur la qualité de l’emploi.

Vous avez remarqué comme moi que les préoccupations gouvernementales sont ailleurs.

Il y a beaucoup de déclarations, de déplacements dont le thème est en apparence l’emploi.

Mais, le véritable sujet pour le gouvernement, c’est la recherche, un peu pathétique, d’une diminution des chiffres du chômage.

En lieu et place d’une politique de l’emploi, nous avons une politique de gestion des chiffres du chômage.

Deux « outils » tiennent lieu de politique : les « emplois d’avenir », bien à la peine pour arriver aux 100000 promis et, à plus longue échéance, les « contrats de génération ».

Nous avons en effet un Président bricoleur, vous l’avez remarqué !

Il a sa boîte à outils.

Je ne peux évidemment pas lui donner de conseil.

Pourtant, la situation de danger imminent et d’urgence m’y contraignent.

Ma connaissance de certains outils m’y oblige aussi.

Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, les outils sont nécessaires pour travailler mais faites très attention : de mauvais outils peuvent gravement blesser les autres et ceux qui les utilisent.

Au total, l’ensemble des contrats aidés, « contrats d’avenir » compris, s’élèverait à plus de 540000 à la fin de l’année.

Ces contrats aidés viennent s’ajouter aux autres exonérations fiscales et sociales dont bénéficient les entreprises, au Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, au Crédit d’impôt recherche.

Nous sommes bien loin d’une politique de l’emploi.

Il ne s’agit que de soins palliatifs au manque d’emploi.

C’est beaucoup mieux que rien pour les personnes mais c’est toujours la précarité et de très faibles salaires.

Disons le franchement, les « emplois d’avenir » ne peuvent pas être l’avenir de la jeunesse.

Nous voulons vivre dignement de notre travail.

Nous voulons créer, travailler, construire, produire.

On veut du travail, on veut du vrai travail !

****************

Il nous faut le dire aussi dans cette période, les salaires, le volume et la qualité de l’emploi sont, pour nous, la terre nourricière qui permet le financement de notre protection sociale et l’organisation des temps sociaux.

Nous retrouvons ainsi nos trois piliers : salaires, emploi, protection sociale.

Ils sont étroitement liés.

Personne ne peut contester que l’augmentation des salaires et le plein emploi permettraient non seulement de financer notre protection sociale mais aussi de l’améliorer, tout comme l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

Notre système de protection sociale, vous le savez toutes et tous, est fondé sur les cotisations sociales. C’est une partie de notre salaire.

La CGT a très largement contribué à mettre en place ce système après la guerre.

Ce fut un choix.

Fondamentalement, c’est ce choix que conteste le patronat depuis toujours.

Le rapport des forces après la guerre l’a contraint à céder.

Aujourd’hui, plus de 60 ans après, il veut regagner ce qu’il a dû lâcher.

C’est le sens des actions et des prétentions du MEDEF.

Aux chantages des directions d’entreprises, l’organisation patronale ajoute la surenchère.

Elle demande, avec le démantèlement du code du travail, de faire basculer 50milliards de plus depuis les cotisations sociales vers la TVA ou la CSG.

Elle demande aussi une baisse de 50 milliards des impôts et taxes.

Cela s’ajoute aux 200 milliards d’aides et exonérations dont les employeurs bénéficient déjà, sans contrôle et sans efficacité sur la création d’emplois.

C’est clair : il s’agit de faire basculer le financement de la protection sociale vers l’impôt.

Exactement le contraire du choix que nous avons fait.

Et bien c’est non ! Et nous le dirons ensemble le 10 septembre prochain !

Nous voulons précisément une réforme en profondeur du financement de la protection sociale en général et du système de retraite en particulier pour répondre aux besoins.

La question des retraites nous appartient : c’est de nous dont il s’agit. C’est la richesse produite par notre travail qui finance nos retraites.

L’été a été mis à profit pour préparer l’opinion sur la nouvelle réforme des retraites.

Vous connaissez les conditions scandaleuses de ce qu’ils ont osé appeler la « concertation », début juillet.

Au lieu d’une concertation, nous avons eu une intense propagande dans la presse pour préparer le terrain.

Il y a des jeux de rôles, des postures, des positionnements politiques avec une véritable stratégie de communication.

Le patronat fait de la surenchère, semblant être mécontent.

Mais sachons aussi mesurer ce que nous avons déjà fait bouger par rapport aux intentions initiales contenues dans le rapport Moreau :

Par exemple, l’alignement des règles de calcul des régimes publics sur celles du privé ou l’abandon de la désindexation des pensions et des salaires portés au compte.

Toutes nos initiatives depuis juin et l’annonce de l’action ont fait bouger le curseur.

Le gouvernement sait qu’il marche sur des œufs. La prudence avec laquelle il avance, prouve qu’il est sensible au rapport des forces.

Je sais que livrer nos analyses et rappeler nos propositions ne se prête pas forcément à un meeting, mais je crois qu’il important que nous partagions cela ensemble.

Quelle appréciation portons- nous sur ce projet de réforme ?

Au lieu de revenir sur les réformes antérieures et leurs aspects néfastes pour les salariés et les retraités actuels et futurs, les mesures proposées par le gouvernement se placent dans leur continuité.

Jusqu’en 2020, les mesures régressives de la loi Fillon continueront de s’appliquer à tout le monde.

Comme s’il n’y en avait pas assez, il est proposé de poursuivre l’augmentation de la durée de cotisation après 2020.

Pour tous les salariés nés après 1973, du public comme du privé, il faudra 43 ans de cotisations pour toucher une retraite à taux plein en 2035, peut- être.

Comment atteindre 43 années quand on est cassé par le travail ? Que les jeunes commencent à travailler de plus en plus tard pour poursuivre des études et au regard de la précarité et du chômage ?

La première conséquence sera une baisse générale du niveau des pensions.

Les jeunes sont les premières victimes

Cette réforme est une réforme anti-jeune ! Et il n’y a pas nous que qui le disons ! 17 organisations de jeunesse le disent aussi avec nous !

Les jeunes ne sont pas les seuls à payer l’addition, les retraités seront eux-aussi plumés avec le report de la date de revalorisation des pensions du 1er avril au 1er octobre. Et ça c’est quand même une forme de désindexation des pensions ! Et l’annonce par la ministre des affaires sociales de ne pas toucher aux petites retraites vise les retraités qui perçoivent moins de 780 euros.

Dans ce projet de réforme, un certain nombre de mesures annoncées répondent à des demandes de longue date de la CGT :

C’est la création d’un compte pénibilité, en lien avec les critères de la pénibilité du travail.

C’est la prise de la totalité des années d’apprentissage, une vraie avancée que l’on doit à la CGT.

Ces avancées sont évidemment à mettre à notre actif et à celles et ceux qui ont porté ces revendications.

Concernant la pénibilité, les réponses apportées sont très insuffisantes et rien n’est encore précisé sur le niveau des pensions.

Par exemple, il faudrait 25 années d’exposition à des travaux pénibles pour bénéficier de 8 trimestres d’anticipation et partir à 60 ans !

Cela alors que les entreprises excluent les salariés concernés à partir de 55 ans !

Qui ose appeler cela une réelle prise en compte de la pénibilité ?

Pour les jeunes, le rachat d’une année d’étude coûterait environ 7200€ aide du gouvernement comprise.

Quel jeune est capable de débourser une telle somme alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à ne pas pouvoir rembourser le coût de leurs études ?

Le gouvernement avait annoncé la correction des inégalités entre les femmes et les hommes. Ce serait un réel progrès. Mais dans le projet de loi que nous avons reçu ce matin, nous cherchons où se trouvent les mesures concrètes.

Le gouvernement présente la hausse des cotisations comme une mesure équilibrée !

Mais il garantit à Gattaz qu’elle sera indolore pour le patronat.

La cotisation employeur serait totalement compensée dès 2014par un transfert des cotisations famille vers l’impôt, c’est-à-dire vers les ménages.

Les salariés paieront donc deux fois : par l’augmentation de leur part de cotisation et par l’impôt pour compenser la cotisation employeur. Joli tour de passe- passe !

Pour l’instant, il y a donc un gagnant : c’est le patronat, comme en témoigne le large sourire de PierreGattaz après son entretien avec le Premier Ministre.

Et quand le patronat sourit, il montre les dents !

Une partie de son programme se réalise là. Il se désengage de la politique familiale.

C’est une très vieille revendication patronale. Kessler en rêvait, Gattaz l’a fait !

C’est le troisième cadeau fait au patronat après le crédit impôt compétitivité emploi, la transcription dans a loi de l’ANI de janvier 2013.

Mais la partie n’est pas terminée. Il dépend de nous de changer les réponses qu’apporte ce gouvernement.

La CGT a des propositions : faisons les connaître !
- Rétablir l’âge d’ouverture des droits à 60 ans avec une pension au moins égale à 75% du salaire d’activité pour tous,
- Pas de retraite inférieure à 1700€
- Départ avant 60 ans pour les salariés exposés aux métiers pénibles
- Assurer l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

Et nous pouvons le financer !

Nous avons des propositions précises :
- élargir l’assiette des cotisations à toutes les rémunérations,
- créer une contribution sociale sur les revenus financiers des entreprises,
- moduler les cotisations sociales des entreprises en particulier en prenant en compte les richesses créées, leurs politiques d’emploi et de salaires,
- revenir sur les aides publiques accordées aux entreprises,
- lutter contre la fraude sociale des entreprises.

Relativisons le besoin de financement. Yannick Moreau, dans son rapport, nous dit qu’il faut trouver 7 milliards d’euros d’ici à 2020, alors que le versement annuel des pensions atteint 270 milliards chaque année !

On est dans l’infiniment petit pour résoudre le problème de financement !

Rien que l’égalité salariale entre les femmes et les hommes rapporterait 10milliards d’euros à l’horizon 2020 aux caisses de retraites.

Et parmi les 200 milliards d’aides aux entreprises, nous ne sommes pas seuls à dire que quelques milliards seraient mieux utilisés ailleurs.

Oui, il y a besoin d’une réforme des retraites pour répondre aux aspirations des salariés et des retraités du 21e Siècle !

Nous avons besoin d’une réforme de progrès, financée par les richesses produites par notre travail,pour que progressent les droits des salariés et des retraités.

Nous savons maintenant ce que nous avons à faire.

Le patronat et le gouvernement se sont efforcés durant ces derniers mois de bloquer la situation.

Lorsque la concertation et la négociation ne marchent pas, seule, l’irruption des salariés sur le devant de la scène peut changer la donne.

Nous savons pourquoi agir, mais il faut aussi dire le comment faire pour que les salariés se mobilisent.

Les salariés, les jeunes, les retraités, les privés d’emploi, ont mille et une raisons d’être dans l’action le 10 septembre.

Les motivations individuelles pour agir collectivement sont multiples, les obstacles à lever nombreux.

Nous devons encore et toujours convaincre, apporter des explications, argumenter.

Mais c’est aussi dans la dynamique de l’action collective que beaucoup de collègues de travail peuvent se révéler.

Combien de fois avons-nous entendu un collègue dire : c’est la première fois que je fais grève, ou c’est la première fois que je manifeste !

Le rôle des syndicats et des syndiqués est déterminant pour que les salariés s’engagent dans l’action.

Nous sommes donc renvoyés à nos pratiques syndicales : des syndiqués acteurs, des syndicats qui décident démocratiquement.

Il faut chérir, choyer, bichonner notre vie syndicale dans nos départements, nos localités, nos professions, nos entreprises.

C’est le syndicat qui permet de briser le cercle de la résignation, du repli sur soi.

Réunir les salariés, les syndiqués est déjà une action collective.

Dans la CGT, nous n’accepterons jamais que quelqu’un parle à notre place.

Nous disons nous-mêmes ce que nous avons à dire.

L’indépendance syndicale est un principe fondateur.

Personne ne peut non plus parler à la place des salariés.

Qui peut dire ce qui est bon pour eux ?

Eux seuls peuvent le dire.

Pour le savoir, il n’est pas d’autre solution que de tourner l’activité du syndicat vers les salariés, construire ensemble, et leur proposer d’envahir la CGT.

Sur toutes les questions qui les préoccupent, salaires, emploi, protection sociale, conditions de travail, nous avons des repères collectifs.

Partons des aspirations des salariés, proposons nos repères collectifs et construisons les revendications avec les salariés eux-mêmes, tels qu’ils sont.

Disons-le clairement aux salariés : « personne ne peut faire à votre place ».

Le changement ne peut pas être simplement l’affaire des directions de la CGT, même si elles ont un rôle très important à jouer dans le cadre de la mobilisation.

Il n’est pas question de dire aux salariés : « ne vous inquiétez pas, la CGT est là. Votez pour nous, syndiquez- vous et on s’occupe de tout ».

Non, cela ne marche pas comme ça !

Les salariés doivent absolument s’occuper de leurs affaires et les prendre en main ; personne ne le fera à leur place.

Le syndicat est un outil à leur disposition pour cela.

La Confédération, les Comités régionaux, les Unions départementales, les Unions locales, les Fédérations peuvent produire et mettre à disposition du matériel syndical sous forme de tracts, d’affiches, de vidéos, sur tous les supports de communication imaginables.

Mais le meilleur tract restera toujours celui fait dans l’entreprise par le syndicatlui-même !

Ancrer notre syndicalisme à l’entreprise veut aussi dire conquérir de nouvelles bases, aller vers les salariés qui n’ont pas encore la chance de connaître le syndicat, proposer en grand l’adhésion à la CGT.

Aider les salariés de l’entreprise d’à côté ou des entreprises sous-traitantes qui travaillent avec nous sur un même site, c’est se renforcer soi-même. C’est aussi contribuer à la mobilisation.

On ne reste pas fort chez soi lorsque les autres sont faibles.

Les difficultés des autres nous affaiblissent nous-mêmes.

La grande question reste, en effet, celle du nombre de salariés qui s’engagent dans l’action collective.

Pour mener notre activité syndicale, nous avons besoin aussi des élus et mandatés.

Ils ont un rôle majeur à jouer dans le processus de mobilisation.

Ils participent pleinement de la vie et de l’activitédu syndicat.

Leur présence à toutes les initiatives est évidemment indispensable.

Ils portent la parole de la CGT.

Les salariés ou le syndicat leur ont fait confiance.

Dans les instances représentatives du personnel faisons donc entendre notre voix comme nous savons le faire.

C’est l’occasion, dans le processus de mobilisation, de porter les revendications.

Cela participe du processus de mobilisation. Disons davantage : c’est cela aussi le processus de mobilisation à l’entreprise.

Enfin, mener l’activité syndicale dans l’entreprise, le territoire, nécessite le respect absolu de la liberté syndicale et du droit syndical à l’entreprise.

Pour porter cette exigence tous ensemble, nous serons aux côtés de nos 5 camarades de Roanne et exigerons de nouveaux droits, lors de notre rassemblement national le 5 novembre.

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Chers camarades,

Il nous reste quelques jours pour aller à la rencontre des salariés et faire du 10 septembre une réussite.

C’est notre rôle.

Ce fut toujours l’honneur et la grandeur de la CGT de défendre les intérêts des salariés.

Alors en avant !

Tous sur le pont !

Tous dans l’action !

Et vive la CGT !

merci à Patrice MOREL pour les photos
Créateur d’images
Photographe correspondant de presse
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