jeudi 28 mars 2024

Appel à la grève le mardi 12 décembre 2017 des professionnels de l’aide à domicile

mardi 12 décembre 2017

Appel à la grève le mardi 12 décembre 2017 des professionnels de l’aide à domicile des sociétés Advie, Bouffée d’Air Services du Groupe DESTIA

à 12h au piquet de grève devant l’agence, 58 Bd Jules Verne à Nantes

Les professionnels, face à la difficulté de ce mettre en grève, porteront un brassard.

Ce brassard, qui indique « Je manifeste » sera porté chez les bénéficiaires et le professionnel sera compté comme solidaire des grévistes.

Les conditions de travail de ces professionnels sont indignes. Mais aussi pour les bénéficiaires, et plus globalement pour tous ceux qui auront, un jour, besoin que l’on s’occupe d’eux avec compétence et bienveillance.

Ce métier est en détresse

Dans sa communication, le groupe DESTIA est « un des premiers en France dans les métiers du service à la personne » et affirme « améliorer la qualité de vie du plus grand nombre avec des collaborateurs responsables, professionnels et passionnés ».

Il dit même s’appuyer « sur trois valeurs fondamentales : la confiance, la fiabilité et le professionnalisme. » (source : site internet http://www.groupe-destia.com).

En fait au quotidien, le Groupe DESTIA, utilise un vocabulaire de commerçant. Ces responsables parlent de « clients » quand les professionnels parlent de « bénéficiaires ». Ses outils de gestion sont désincarnés. Le travail est pensé et organisé en dehors des salariés de terrain et à distance par « télégestion ». De plus, l’absence de support « métier » laisse ces salariés seuls, abandonnés à leur sort sur le terrain. Cela, au final, à des effets désastreux pour les bénéficiaires. Mais n’est-ce pas, plus largement un exemple des effets néfastes de la vision essentiellement comptable et de la financiarisation de leur métier ?

Les professionnels veulent des réponses à des question simples

Aujourd’hui ils font face à des dénigrements de l’employeur parce qu’ils cherchent à comprendre. Ils veulent des réponses fiables de leur employeur comme par exemple :

  • Qui est mon employeur ?
  • Est-ce que mon emploi est déclaré ?
  • Est-ce que mon contrat de travail a été changé par un avenant ?
  • Pourquoi on me demande fréquemment de travailler alors que je suis en repos ?
  • Pourquoi on me contacte la veille au soir (à 23h parfois) pour une intervention le lendemain matin ?
  • Pourquoi on me culpabilise lorsque je veux comprendre les modalités et les conditions de mon travail ?

Ces professionnels font un constat et ils ne veulent plus subir– des exemples concrets

  • utiliser le numéro commercial du « service client » pour joindre notre entreprise et être isolé. Ils veulent le soutien de leur employeur en cas d’urgence ou d’accident chez le bénéficiaire y compris et surtout le soir et le week-end.
  • aller chez un bénéficiaire sans connaitre par avance ce que l’on doit faire. Ils veulent des moyens et l’organisation de vraies « transmissions » entre collègues afin de faire leur métier et respecter leurs bénéficiaires.
  • des plannings qui optimisent l’absence de remboursement de frais kilométriques entre deux bénéficiaires. Ils veulent que tous les frais de transport soient payés même lorsque deux interventions sont espacées de plus de 25 minutes.
  • travailler 12h pour une journée payée 7h à cause des transports entre les interventions. Ils veulent que le temps entre toutes les interventions soit considéré comme du temps de travail.
  • dépendre de plannings où il faut commencer une intervention à 10h02 et la finir à 10H05 ou pire avoir deux interventions simultanées. Puis souffrir d’« abandonner » des bénéficiaires au profit d’un autre et, de plus, constater que les bénéficiaires seront tous deux facturés ! Ils veulent des pratiques de métiers et des plannings qui les respectent et respectent leurs bénéficiaires.
  • des bulletins de salaires incompréhensibles à cause des incessants changements de planning impossibles à suivre et qui, de plus, ne tiennent pas compte des erreurs qu’ils font remonter.
  • des accidents de travail mal ou pas déclarés qui les empêchent de toucher les indemnités journalières de sécurité sociale. Ils veulent que tous les accidents survenus vers et à partir des domiciles de tous les bénéficiaires soient pris en compte comme accident de travail.
  • être empêché de bien faire leur travail ce qui est facteur de souffrance pour eux et les bénéficiaires. Ils veulent que leurs arrêts de maladie, nombreux dans ce contexte (voir ci-après), soient pris réellement en compte et que cela ne soit pas un facteur de souffrance supplémentaire pour leurs collègues et leurs bénéficiaires.
  • le refus d’effectuer des remplacements (hors planning prévu et sur un jour de repos) est l’objet de culpabilisation et l’employeur exerce un abus de pouvoir en les menaçant d’établir un avenant à la baisse de leur contrat de travail.
  • devoir rechercher eux-mêmes un remplaçant alors qu’ils sont eux-mêmes en arrêt de travail. Ce sont les bénéficiaires qui les appellent directement car ils sont en détresse. Ils ne veulent plus que les bénéficiaires subissent, dans leur intimité, des changements incessants de professionnels. Ils ne veulent plus participer à cette maltraitance institutionnelle.

Ces conditions du travail ont des conséquences graves - exemples

  • des accidents de la route à cause du stress et la baisse de vigilance.
  • des bénéficiaires « abandonnés » dont les voisins sont obligés (parfois à quatre reprises) d’appeler les pompiers pour rompre leur isolement.
  • de jeunes collègues handicapés à vie en raison d’accident dus aux conditions de leur travail.
  • des collègues, en milieu de carrière, qui ne peuvent plus travailler en raison d’inaptitude suite à épuisement professionnel.

Ce que demandent les professionnels en grève

  • A rencontrer l’Agence Régionale de Santé (ARS), la CARSAT et La Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) pour leur faire part de la situation et demander un audit.
  • Le respect du délai de prévenance dans la fourniture des plannings.
  • Le paiement de toutes les indemnités kilométriques sur une journée de travail au barème légal ainsi que les frais relatifs au métier (assurances, déplacements supplémentaires,...)
  • La remise immédiate des attestations Pôle Emploi à tous les professionnels qui quittent l’entreprise (licenciements, inaptitudes, démissionnaires) qui l’attendent depuis parfois plus de cinq mois et qui sont sans indemnité de chômage pour cette raison.
  • Des moyens dédiés aux remplacements des arrêts de maladie, des arrêts pour accident de travail, des jours de repos et des départs en congés.
  • Des élections du personnel dans l’entreprise et sur l’ensemble du Groupe DESTIA en vue de la création d’un Comité Hygiène Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) ou d’un Conseil Social et Économique (CSE), capable d’aborder valablement les conditions de travail.
  • Le lancement d’une négociation comprenant préalablement un accord de méthode.

Quelques données sur la santé des professionnels du secteur (source www.amelie.fr)

92,7 pour 1 000, c’est le taux d’accident de l’activité de l’aide à la personne (y compris hébergement médicaux social) et il augmente de 3 à 4% par an

Par comparaison :

  • 34 pour 1 000, c’est le taux d’accident du travail en France, toute branches confondues (stable depuis 2015)
  • Le secteur de l’intérim voit la fréquence de ses accidents diminuer de -3,7 % par rapport à 2014 avec un indice de fréquence de 44,8 accidents de travail pour 1 000 salariés. Alors que ses effectifs sont en augmentation de 7,5%.
  • Le BTP enregistre une forte baisse de son indice de fréquence (-2,6 % en 2015 par rapport à 2014), même s’il reste l’un des secteurs les plus sinistrés (61,9 AT pour 1 000 salariés en 2015)

Le métier de l’aide à la personne est donc trois plus accidentogène que la moyenne nationale, deux fois plus que l’intérim et plus dangereux que le BTP. De plus, le phénomène s’aggrave d’année en année.

tract aide domicile 12 dec 2017














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