jeudi 28 mars 2024

Fachosphère : « réinformation » = désinformation

lundi 24 avril 2017

La désinformation, un outil de propagande de l’extrême droite sur internet

L’extrême droite a très tôt vu qu’Internet et les réseaux sociaux étaient de puissants supports pour leur propagande, et a donc mis en œuvre un certain nombre de stratégies.

Avant de les détailler, il est important de préciser que le sujet de ce billet ne sera pas tant le Front national (qui sans négliger Internet, met en œuvre des campagnes de terrain, de proximité, sur le long terme) que la multitude de groupes qui compose la fachosphère.

Les prétendus « médias alternatifs » et sites de « ré-information »

De nombreux sites se présentent comme des médias alternatifs ou participatifs : Alter-info, Agoravox, mondialisation.ca, Égalité et Réconciliation d’Alain Soral, Novopresse (Bloc identitaire), Panamza, Riposte laïque, medias-presse.info, Investig’action, Boulevard Voltaire… Sans compter les sites régionaux et autres pro-régime russe : Russia Today (RT) et Sputnik.

On trouvera fréquemment dans les titres ou thèmes des articles des termes comme mensonge, manipulations, scandale, révélations, imposture... souvent accolés d’adjectifs comme « médiatique ». Ou des questions comme « pourquoi ne nous parle-t-on pas de… ? »

Un autre trait commun fréquent est la défense de dictatures – la Russie en tête – et les positions nationalistes/souverainistes. Sont également abordés, selon les tendances, l’antisémitisme (qui se manifeste par la fréquence de sujets sur le sionisme, Israël, le Crif) et/ou l’islamophobie (avec les théories du « grand remplacement », les amalgames entre musulmans et terroristes…). On peut même parfois y trouver des critiques du FN ou de Marine Le Pen, l’extrême droite ayant des courants variés et parfois opposés sur des sujets précis.

Certains sites se basent plus sur les vidéos que sur l’écrit. Ils ont des journalistes qui se déplacent dans les manifestations (pour diffuser leurs reportages sur les réseaux sociaux, en plus de leur site), et peuvent même tenter d’interviewer des militants. On peut citer Indepenza webtv, Meta-TV ou TV Libertés (TVL).

L’exploitation des faits divers

Diffusion systématique de faits divers sur des thèmes bien particuliers, par exemple ayant de près ou de loin un lien avec l’immigration (même si ce lien n’est en réalité pas significatif) : c’est ainsi que fonctionne ce qui est aujourd’hui le 1er site « d’info alternative », Fdesouche.

Mais il y a aussi la stratégie de « saturation des commentaires et sondages en ligne » (« trollage »), notamment sur les sites de journaux régionaux. Une avalanche de commentaires hostiles aux étrangers ou aux musulmans sont parfois postés par une poignée de militants d’extrême droite, organisés et très actifs. Cette manœuvre laisse penser que ces avis sont ceux d’une majorité de la population, et permet de décomplexer le discours – et souvent ensuite les pratiques. Les mêmes techniques peuvent être utilisées sur les comptes de militants ou d’organisations antifascistes.

Les fake news et les rumeurs

La fachosphère utilise aussi la désinformation pure et simple : altération des faits, utilisation d’images issues d’un autre contexte, rumeurs présentées comme des faits... Il est donc important de ne pas réagir ou partager trop vite, de lire le texte en entier et pas juste le titre ou l’intro, de vérifier l’origine de ces « infos », de croiser plusieurs sources…

La fachosphère, influente sur tout le net

L’influence de la fachosphère dépasse sa multitude de sites et réseaux sociaux. Il faut être particulièrement prudent (et former ses proches, dans le cadre militant ou familial) quand on utilise des moteurs de recherche.

La stratégie de la fachosphère, mise en place depuis des années, a été efficace, et ce sont souvent leurs sites qui arrivent en tête des recherches.

Même prudence sur Wikipédia : certains sujets sont la cible de ré-écritures régulières, pour « transformer » le parcours ou la présentation de figures politiques, mais aussi pour banaliser des thèses complotistes sur de nombreux sujets qui ne semblent pas directement « politiques » (vaccins, Sida…).

Internet, un outil de recrutement

Internet est aussi un moyen de recrutement pour les organisations terroristes djihadistes. L’extrême droite fait également de la propagande et du recrutement au travers de sites grand public ayant des forums, comme Yahoo questions/réponses ou jeuxvideo.com (qui touche particulièrement les jeunes).

RESPONSABILITÉ PÉNALE ET INTERNET

Une image ou un texte raciste, sexiste, antisémite, homophobe ou appelant à la haine, ce n’est pas une opinion ou de l’humour, mais un délit. Ce délit existe par la simple publication sur votre réseau social, même s’il s’agit du commentaire d’une autre personne. L’administrateur d’un compte ou d’un site est responsable de tout ce qui y est publié.

Il faut donc être vigilant sur ses comptes personnels sur les réseaux sociaux... et bien sûr, sur le site Internet ou la page Facebook d’une organisation syndicale.
Outre le fait que de telles publications sont contraires à ce que porte la CGT en termes de solidarité et d’égalité des droits, elles peuvent donner une mauvaise image aux salariés, mais également entrainer des poursuites pénales ou des réactions de l’employeur.

À l’inverse, il est possible de signaler à Facebook ou Twitter les pages ou comptes ouvertement racistes, antisémites, homophobes, sexistes, même si ces plateformes ont une politique insuffisante en la matière.

Il existe également un portail gouvernemental (Pharos) qui surveille les publications Internet et qui permet des signalements :

https://www.internet-signalement.gouv.fr.















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