la CGT de Loire Atlantique (44)
Négociations salariales dans la Fonction Publique : une nouvelle arnaque ?
mercredi 27 janvier 2016

Le gouvernement a décidé d’ouvrir des négociations dans la Fonction Publique, au mois de février 2016, sur l’évolution de la valeur du point d’indice, qui sert au calcul du traitement des fonctionnaires.

Alors que le point est gelé depuis 2010, il était temps que le gouvernement entende les agents publics ! La CGT n’a jamais lâché sur cette exigence !

Entre 2000 et 2015, les fonctionnaires ont perdu plus 14 % de pouvoir d’achat et donc de capacité à consommer et faire face à leurs besoins et ceux de leurs familles !

Conséquence du gel de la valeur du point : le salaire net moyen des agents de la Fonction publique, incluant tous les éléments de rémunération, dont les primes et les promotions, est en baisse continue depuis 2011 selon l’INSEE. Des dizaines de milliers d’agents sont paupérisés, la grille C reste désespérément collée au niveau d’un SMIC largement insuffisant pour pouvoir vivre, les déroulements et les promotions de carrière des personnels sont de plus en plus bloqués, les qualifications ne sont plus reconnues.

Quelle entreprise privée pourrait se targuer aujourd’hui de n’avoir accordé aucune augmentation générale dans ses NAO pendant 5 ans ? Pratiquement aucune, c’est donc un exploit bien particulier que réussit l’État employeur sur le dos de ses salarié-es.

Et ce qu’il manque sur la feuille de paye, ce n’est pas une paille. Pour un agent catégorie C tout en haut de grille et d’échelle, il manque 278 € brut par mois si on calcule à partir de janvier 2000 dont 95 € brut mensuel rien que pour le gel du point. Pour un agent catégorie B tout en haut de grille et d’échelle, il manque 363 € brut mensuel depuis janvier 2000 dont 124 € brut mensuel rien que pour le gel du point d’indice. Pour un agent catégorie A, fin de grille, première échelle, c’est 425 € brut mensuels qui se sont évaporés depuis janvier 2000, dont 145 € bruts mensuels uniquement en raison du gel d’indice depuis 2010. Voilà, s’il en fallait, de bonnes raisons de réclamer notre du. Notre participation forcée aux politiques d’austérité salariale ont permis à l’État d ’économiser 7 milliards d’€ depuis juillet 2010 !

De plus, depuis le 1er janvier 2011, les fonctionnaires sont amputés de 21
euros à 39 euros sur leurs rémunérations suite à l’augmentation de la contribution retraite.

A quoi pouvons nous attendre dans ces négociations salariales ?

A pas grand chose malheureusement puisque les lois de finances et de financement de la sécurité sociale 2016 confirment, à ce stade, le refus gouvernemental de rompre avec les politiques d’austérité. Selon la ministre de la Fonction publique, l’augmentation du point d’indice prévue par le gouvernement ne sera « sans doute pas à la hauteur » des demandes des organisations syndicales.

Donc, si nous ne mettons pas collectivement la pression au gouvernement, nous aurons une offre symbolique, de l’ordre du 0,2 % et seulement en 2017 !

En plus, cette augmentation minime risque de se faire à sommes constantes, c’est à dire que les fonctionnaires auto financeront la mesure.

Comment ?

D’une part, par l’augmentation du la cotisation retraite des fonctionnaires de + 0.40% en 2016 soit grosso modo 400 millions prélevés sur la rémunération indiciaire des 3 versants de la Fonction publique ;

D’autre part, par la suppression des réductions d’ancienneté d’échelon annuelles prévue par le protocole PPCR (Parcours Professionnel Carrière Rémunération), malheureusement en cours de validation, c’est grosso modo 400 millions prélevés sur la rémunération indiciaire de tous les fonctionnaires.

N’oublions pas que 1% d’augmentation du point d’indice c’est environ 1 milliard en année pleine, à quoi on doit rajouter l’effet sur certaines primes.

C’est la politique du bonneteau, où on croit qu’on va gagner alors qu’on va perdre .
Seul le rapport de force permettra de sortir de ces règles du jeu biaisées, où toute mesure en faveur des fonctionnaires se retourne contre eux parce qu’ils la financent de leur propres deniers.

Le gouvernement compte depuis trop longtemps sur la « vocation » et l’abnégation professionnelle des salarié-e-s de la fonction publique pour ne pas les rémunérer décemment.

Dans le même temps, alors que la plupart des services sont d’ores et déjà exsangues, le gouvernement persiste et signe dans la mise en œuvre de plans pluriannuels de suppressions d’emplois qui rendent impossible l’exercice de l’ensemble des missions publiques. Au détriment de l’effectivité et de la qualité du service public rendu, la réforme territoriale initiée par le gouvernement se traduit par de multiples fermetures de services.

Par ailleurs, de lourdes attaques sont portées contre le statut général des fonctionnaires, leurs statuts particuliers, leurs droits et leurs garanties collectives, avec des mobilités géographiques et professionnelles forcées, des mises en cause des politiques relatives à l’action sociale, l’hygiène, la sécurité et les conditions de travail, à la protection sociale dans ses dimensions obligatoire et complémentaire.

L’austérité dans les services publics, c’est le gouvernement, avec une majorité de parlementaires qui viennent de voter mi- décembre 3 lois qui compromettent gravement le financement des secteurs sanitaire, social et médico-social : loi santé, loi de financement de la Sécu, loi d’adaptation au vieillissement. Le but de ces lois est dicté par la politique d’austérité du pacte de stabilité et de croissance de l’économie libérale de la « zone euro ».

Le plan triennal demande 3 milliards d’économies à l’hôpital et 22 000 suppressions de postes jusqu’en 2017 !!!

La politique d’austérité passe aussi par la diminution drastique des dotations de l’État aux collectivités locales (11 milliards d’€ de ponction dans le cadre du pacte de responsabilité). Les Conseils départementaux demandent aussi aux agent-e-s et aux salarié-e-s des maisons de retraite, des foyers et résidences de l’action sociale, de se serrer toujours plus la ceinture. Et devant l’explosion du nombre de bénéficiaires du RSA, de plus en plus de conseils départementaux sont mis sous tutelle financière de l’État.

Pourtant, dans le même temps, l’État fait des cadeaux monstrueux au patronat. Le CICE, c’est 20 milliards d’€ par an ! Le CIR, c’est 6 milliards ! Malgré ces aides financières, des exonérations de cotisations sociales, le patronat ferme des usines, licencie à tour de bras...

Dans la santé privée, les patrons, avec l’argent de la Sécurité sociale, préfèrent rémunérer davantage leurs actionnaires plutôt que leurs salarié-e-s... Et François Hollande dans ces vœux vient d’annoncer qu’il irait encore plus loin dans cette politique !

Ainsi les entreprises, et principalement les grands groupes, voient leurs contributions fiscales et sociales toujours diminuer (la charge se reportant sur les particuliers) et cela provoque l’affaiblissement continu des services publics.

Ainsi, pour rembourser les dettes des banques et augmenter encore le taux de profit des patrons, ils ferment les services de proximité et réduisent massivement les effectifs de ce qui reste des services publics.

Fermeture des accueils physiques, moins de disponibilité des agents, inégalité des prestations, baisse de la qualité des services rendus…. Telles sont les conséquences de ces politiques néfastes pour nous les usagers.

Pour la CGT, les services publics, la protection sociale, doivent redevenir le cœur de notre modèle social, pour assurer la satisfaction des besoins, notamment dans la proximité. Les services publics sont au centre de la question de l’aménagement du territoire. Ils sont créateurs de richesses. Ils sont vecteurs d’égalité, de cohésion sociale, de vivre ensemble.

Au delà de la fonction publique, c’est tout le monde du travail qui subit une véritable guerre de la part d’un gouvernement au service du MEDEF.

Au delà du gel des rémunérations, on assiste à la remise en cause des jours de RTT dans les hôpitaux, dans plusieurs collectivités territoriales, et gouvernement et patrons remettent en cause le repos dominical dans le commerce ou même la durée hebdomadaire du temps de travail.

Oui, l’offensive contre les 35 heures a déjà frappé dans les services publics ! Partout nos conditions de travail se dégradent, les licenciements et les suppressions d’emploi se multiplient. Et la montée du chômage ressemble de plus en plus à un tsunami. C’est pour cela qu’il est urgent, avec la CGT, de parler et de se battre pour la réduction de travail.
Les 32 heures doivent devenir un objectif prioritaire pour plus de justice sociale.

Enfin, c’est tout un arsenal répressif qui se met en place pour réprimer les résistances sociales, comme on l’a vu à Air France, où tous les politiciens ont hurlé à la mort pour quelques bouts de chemise, chez Tefal où une inspectrice du travail a été condamnée pour avoir fait son travail, et chez Goodyear où huit syndicalistes ont été condamnés à 24 mois de prison dont neuf mois fermes pour avoir défendu leurs emplois et ceux de leurs collègues !

RDV le 4 février dans les actions en soutien aux 8 de Goodyear. La CGT ne laissera pas faire cette tentative de museler le corps social ! De museler la CGT.