jeudi 28 mars 2024

Saint Nazaire 19 mai, le discours, les photos

jeudi 19 mai 2016

Depuis plus de 2 mois nous sommes mobilisés pour le retrait du projet de loi travail. Des dizaines de milliers de lycéens, étudiants, salariés, retraités et privés d’emploi ont battus le pavé lors de nombreuses manifestations à Nantes, Ancenis, Châteaubriant, ici à Saint-Nazaire et partout en France. Et pourtant, le gouvernement reste sourd, campé sur des positions dogmatiques tout droit issues des injonctions de Bruxelles qui exige toujours plus d’austérité pour les peuples et une liberté sans aucune contrepartie pour le marché capitaliste.

Le travail serait un coût. Les salariés ne seraient pas assez flexibles, pas assez compétitifs, et finalement, pas assez soumis aux volontés souveraines des actionnaires. Car oui, quand même, c’est bien connu, ce sont eux qui "prennent les risques", qui "investissent" leur argent personnel pour nous donner généreusement, à nous, pauvres sujets sans idées et sans talents, un emploi.

Rappelons à tous ces libéraux et autres riches héritiers qui ne connaissent du travail que le nom, que les richesses produites en France comme partout ailleurs dans le monde ne sont que le fruit du labeur et du savoir-faire des salariés. Sans salarié qui transforme une matière brute en un produit de consommation, sans l’intelligence et l’inventivité de salariés qui pensent le travail et son organisation, pas un kopeck ne sortirait des entreprises. Puisqu’on est ici devant le chantier naval : donnez des taules d’acier aux actionnaires d’STX, seront-ils capables, avec leurs capitaux, d’en sortir un paquebot ?

Le travail n’est pas un coût mais une richesse.

Le gouvernement devrait prendre le temps d’y réfléchir, lui qui pensent que c’est notre manque d’analyse qui fait que nous ne comprenons pas le bien-fondé des réformes qui se succèdent, plus libérales les unes que les autres. La seule auto-critique du gouvernement, c’est de dire qu’ils n’ont pas été assez pédagogues. Car oui, s’ils avaient bien expliqué aux français qu’un code du travail par entreprise est synonyme de progrès social, que les heures supplémentaires moins payées, le temps de travail à la carte et la facilitation des licenciements permettaient à toutes et tous de mieux vivre, et bien oui, nous aurions sans doute accepté sans broncher tous les reculs sociaux qu’on veut nous faire avaler. Mais pour qui nous prend ce gouvernement ? Nous étions déjà des « sans dents », nous voici des « sans cervelle ».

Alors que 3 français sur 4 souhaitent le retrait de cette loi, alors que les organisations syndicales n’ont pas été consultées avant l’écriture du texte, et alors qu’une majorité parlementaire ne se dégageait pas, le gouvernement a décidé d’un passage en force avec le 49-3. Outre ce nouveau déni de démocratie pour la validation d’un texte porteur d’énormes enjeux pour le monde du travail et ses premiers acteurs, les salariés, le 49-3 est également un fort aveu de faiblesse du gouvernement qui a déjà dû, par deux fois en quelques semaines, reculer sur quelques mesures initialement présentent dans le projet. Le cœur nauséabond de cette loi demeure mais la fragilité du gouvernement nous laisse à penser que l’armure peut être transpercée.

Rien n’est gagné pour le gouvernement. Si nous le décidons, nous sommes en capacité de changer le cours des choses.

Après 2 mois de mobilisation, nous passons cette semaine un cap important. Nos camarades raffineurs, portuaires et routiers, notamment, ont, dès mardi, décidé d’entrer dans le dur du mouvement par la grève et des actions de blocage de l’économie. Qu’ils soient ici salués comme il se doit. Nos camarades cheminots ont emboité le pas dès hier et seront probablement de nouveau en grève dès la semaine prochaine. Dans les territoires, de nombreuses actions ont émaillé la journée de mardi dans le département : blocage de la zone Belle-étoile à Carquefou, blocage du grand port maritime, dont la raffinerie de Donges et le dépôt SFDM, opération péage gratuit au Bignon, coupures de lignes hautes-tensions par nos camarades des Industries Electriques et gazières, comme un coup de semonce à ceux qui pensent que nous ne sommes pas en ordre de marche, que nous n’avons pas les clés pour bloquer le pays…

Nous avons décidé avec l’intersyndicale d’organiser aujourd’hui cette manifestation à dimension départementale à Saint-Nazaire, à la fois pour faire masse et pour encourager toutes les initiatives telles que celles qui se déroulent avec nos camarades des entreprises de la zone portuaire, pôle économique majeur de notre région qui, s’il continue d’être bloqué tapera directement et de manière conséquente dans le porte-feuille du patronat. Oui, nous devons nous servir de ces exemples pour que chacune et chacun prenne la mesure des enjeux. Seul le blocage économique, et donc la grève, est à même de faire plier ce gouvernement. Il nous faut, dès maintenant, poser les outils et ce, jusqu’au retrait de cette loi inique. Ne tombons ni dans la résignation, ni dans la méthode coué.

Le chemin qu’il nous reste à parcourir pour généraliser la grève est certes semé d’embuches, tapissé d’un certain fatalisme encore pour des salariés, rien n’est simple et rien n’est encore gagné, mais mesurons la force qui est la nôtre et ce mouvement qui demeure puissant après plus de 2 mois de grèves et de manifestations répétées quotidiennement.

Nous ne sommes certes pas encore à l’heure de l’insurrection, loin s’en faut, mais la résistance est incontestablement enclenchée. Le gouvernement l’a bien senti. En témoigne sa fermeté démesurée et l’accélération du déni de démocratie, au travers du 49-3 et de l’étouffement du débat parlementaire, bien sûr, mais aussi par l’inacceptable interdiction de manifester décrétée par le Préfet de Loire-Atlantique. Sous couvert d’empêcher les exactions de quelques-uns, c’est un droit constitutionnel qui est bafoué pour tous les autres, majoritairement pacifistes dans leurs attitudes en manif. Même si nous considérons que la casse systématique du centre-ville nantais dessert notre mouvement plus qu’il ne le renforce, démobilisant de nombreux salariés et militants, et donnant prétextes et arguments à ceux que nous combattons, il n’en reste pas moins que nous ne nous laisserons pas priver de notre liberté d’expression, de notre droit de manifester. Les manœuvres policières, dictées par l’appareil d’Etat, brisant les cortèges, gazant sans distinctions l’ensemble des manifestants, interpellant à tout va, provoquant un climat anxiogène et attisant les colères est tout aussi inacceptable. Inacceptable également les propos du syndicat de police Alliance dont le porte-parole osait, hier sur les ondes, rendre les organisations syndicales complices du terrorisme, considérant que les agents de police, à cause des manifestations, ne pouvaient plus mener leur mission dans le cadre de l’Etat d’urgence. Honte à eux qui osent ces amalgames nauséabonds.

Nous sommes encore des milliers aujourd’hui dans les rues de France. La lutte, intergénérationnelle, interprofessionnelle, syndicale et citoyenne doit s’ancrer et s’élargir. L’économie commence doucement à dérailler grâce à nos camarades grévistes. Il nous faut maintenant réussir la généralisation car c’est tous ensemble que nous pourrons faire plier le gouvernement sur cette loi travail et porter nos revendications pour le progrès social, au travers notamment de la réduction du temps de travail à 32 h, d’un nouveau statut du travail salarié qui protège et garanti une évolution de carrière quel que soit son parcours professionnel, et beaucoup d’autres propositions qui ont déjà été communiquées au gouvernement mais qui n’ont reçu aucun écho. Il faudrait peut-être qu’on emprunte le mégaphone du Medef, ça à l’air de mieux marcher.

La CGT vous invite à organiser au plus tôt, dans vos entreprises et administrations, des AG, des distributions de tracts, des temps de débats, etc… pour continuer à convaincre celles et ceux qui comme nous ne veulent pas de cette loi, de nous rejoindre dans la lutte.

La CGT vous invite également à soutenir activement nos camarades engagés dans la grève et le blocage. Dès cet après-midi, vous pouvez rejoindre les piquets de grève à la raffinerie Total et au dépôt SFDM, à Donges. Rejoignez également nos camarades routiers, rond-point de la Belle-étoile à Carquefou. Ils ont besoin de nous comme nous avons besoin d’eux.

Tous ensemble, mes camarades, nous pouvons gagner !


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